XXXVIII) Imminentes ténèbres... (H-6)
La porte étant verrouillée, le licteur frappe sur celle-ci. N'ayant aucune réponse il recommence en précisant son identité. Cette fois-ci elle s'ouvre, laissant apparaître Kintas. Il saisit Lupus par le bras et l'entraîne prestement à l'intérieur tandis que Gaïa referme précipitament la porte à clef. Tous les deux ont l'air passablement agités et leurs armes sont dégainées. «C'est bon? Dis nous que tu as le code!» geint le psyker. Le licteur lui répond: «Oui mais j'espère vraiment que votre théorie est la bonne!». Il marque ensuite une pause pour observer les lieux puis ajoute: «Il n'y a que vous deux? Où est Natacha?». Gaïa rejoint ses deux compagnons tout en rengainant son arbalète: «Elle est sortie elle aussi». Suite à quoi Kintas précise: «Oui, elle a dit qu'elle avait une histoire à régler». Lupus tape du poing dans la paume de sa main: «C'est bien le moment!». «Et tu as des nouvelles de Thane?» s'enquiert Gaïa. Le garde de l'astroport affiche une mine sombre: «D'après ce que j'en ai vu, il faudra désormais se débrouiller sans lui malheureusement...». Cette mauvaise nouvelle est suivie de quelques secondes de silence où Kintas réalise le signe de l'aquila. Finalement l'adepte reprend d'une voix déterminée: «Bon peu importe! On continue! On a plus de temps devant nous et ce n'est qu'une question de secondes avant que l'échéance accordée par le Conseil n'arrive à sa fin! Je n'ai vraiment pas envie de savoir ce qu'il se passera lorsque ce sera le cas!». Lupus qui était adossé au mur les bras croisés se redresse d'un coup: «Dans ce cas, testons le code immédiatement! Les 4 pages marquées donnent: Dans la tanière de recueil et de prières tourner doit se faire l'aquila de pierre, 12° à droite, 38° à gauche, 110° à droite, 206° à gauche». Le petit groupe rentre dans la chapelle et entreprend de faire tourner la statue ailée selon la manière indiquée. Non seulement ils ne sont pas sujets à des effets psychiques, mais en plus l'autel se décale sur le côté droit dévoilant une volée de marches humides s'enfonçant dans l'obscurité la plus totale. Un courant d'air glacial chargé d'une forte odeur sépulcrale se fait instantanément ressentir. «Trône! Ça a l'air terriblement grand et profond!» s'exclame Lupus en passant sa tête dans l'ouverture. A ce moment là, on tape à l'entrée. L'équipe se déploie immédiatement au niveau du cadran de la porte, armes au poing. C'est avec soulagement qu'ils reconnaissent la voix de Natacha de l'autre côté. Une fois à l'intérieur, ils lui communiquent les dernières nouvelles concernant Thane tout en lui présentant l'ouverture secrète de la chapelle. Ils la questionnent ensuite sur sa toute récente sortie mais la jeune noble prétend qu'il s'agit d'une affaire privée et que cela ne les regarde pas. Kintas choisit ce moment là pour déclarer qu'il ne vient pas avec eux et reste dans la chambre pour assurer leurs arrières. Une fois qu'ils seront de l'autre côté il refermera le passage et veillera à ce que personne ne tente de les piéger. De plus, il sera leurs yeux et leurs oreilles au niveau de la surface et pourra toujours les prévenir en cas de problème majeur.
Après avoir improvisés des torches avec ce qu'ils ont pu trouver dans la chambre, Gaïa, Lupus et Natacha descendent le long du tortueux escaliers en pierre. Au bout d'une centaine de marches en colimaçon ils débouchent sur un paysage des plus déroutants. Les dimensions du lieu sont colossales, se perdant dans l'obscurité. D'immenses canaux nauséabonds stagnent sur les côtés parfois complétés par de vieux pontons de bois moisis. L'architecture des lieux, recouverte de mousse et de ténèbres, est angoissante, à la fois à cause de son style herculéen qui a quelque chose d'écrasant, mais aussi pour les ombres dansantes des gargouilles qui occupent la plupart des rebords et piliers. L'intimidation du groupe est palpable et c'est en silence que s'effectue sa progression. Parfois des bruits étranges sortent des ombres mais disparaissent aussitôt que l'on tente de les identifier. Quelques rats sont également vus ou entendus mais c'est surtout l'échos de leurs propres pas qui rythme l'avancée des investigateurs. A plusieurs reprise les compagnons sont obligés de se stopper car plusieurs chemins s'offre à eux. Heureusement leurs talents combinés pour le pistage leur permettent de déduire des pistes récentes dans la mousse, des marques de passages dans la poussière ou des traces de pas dans la boue. Leur intuition est d'ailleurs confirmée lorsqu'ils traversent un pont de bois visiblement réalisé assez récemment. Au détour d'un virage, ils débouchent finalement à l'entrée d'une véritable ville en ruine qui s'étend à perte de vu. «Incroyable qu'un endroit pareil existe!» s'exclame Gaïa. Suivant toujours la même piste, ils s'enfoncent profondément entre les bâtiments écroulés, empruntant plusieurs escaliers et corridors jusqu'à se retrouver devant une large porte ovale surmontée d'une énorme statue représentant une monstrueuse chimère. Natacha s'avance la première mais remarque bien trop tard la dalle qui s'enfonce légèrement sous la pression de son pied et le jet de flammes qui surgit de la gueule de pierre. Lupus et Gaïa ont le temps de se jetter sur le côté mais pas la jeune noble qui reçoit le piège de plein fouet et hurle de toutes ses forces tandis que sa peau brûle et ses vêtements prennent feu. Tout en criant elle court jusqu'au rebord le plus proche et se jette dans l'eau noirâtre. Ses coéquipiers roulent sur le côté, se redressent et se précipitent à son secours. Plusieurs minutes d'effort sont nécessaires pour sortir la jeune noble des flots glacés et c'est avec soulagement qu'ils se retrouvent tous les trois épuisés sur le rebord à reprendre leur souffle. Lupus a alors son attention attirée par une sorte de mouvement lointain. Est-ce qu'il a rêvé ou il a bien vu une source lumineuse disparaître?