XV) Extrémités
Après son échec, Elli se rend à l'extérieur et se dirige vers le réfectoire. S'ils doivent partir précipitamment en vaisseau, il va leur falloir des provisions. L'Empereur seul sait ce qu'il leur réserve et il vaut mieux être prévoyant. Une certaine ambiance de fête s'est progressivement installée dans la salle et, lorsque la racaille entre, la plupart des soldats sont déjà bien échaudés. C'est aussi le cas de Jaspel qui, visiblement, ne tient pas très bien l'alcool. Elli oublie alors immédiatement ce pourquoi il était venu et compte fleurette à la jeune capitaine. Se faisant, il adresse en cachette de nombreux gestes obscènes à l'intention du licteur qui se trouve trois tables plus loin. Ce dernier, excédé, se lève en faisant tomber sa chaise et quitte la salle furieux. Il ne va toutefois pas bien loin car, Gabriel et Torbal font irruption dans la salle en hurlant: "La prochaine attaque est pour ce soir! Les fanatiques se préparent et ont prévu de faire appel à une arme secrète!". Immédiatement les soldats dégrisent et se retrouvent sur le pied de guerre. Les officiers donnent leurs ordres et tous s'équipent de leurs armes en sortant. Torbal aidé d'Elli obtient enfin des hommes pour l'aider à traîner le multilaser hors de portée de tir des mortiers. Gabriel part réveiller Silace et Titus. La sororitas s'équipe de son jet-pack tandis que Titus court rejoindre le quai. Une fois sur place il lui semble entendre vaguement un bruit mais il n'arrive pas à l'identifier. Attribuant cela à la fatigue, il pose sa main sur le générateur et absorbe une partie de son énergie électrique. Malheureusement la surchauffe le grille définitivement. Quoiqu'il en soit, ses implants nouvellement revigorés sont soudainement en mesure d'identifier la 20ène de skiffs transportant des fanatiques à leurs bords. "Attention je signale à tous une attaque par le sud, je répète on est attaqué par le sud!". Le technoprêtre remonte chercher les serviteurs de combat et retourne jusqu'au vaisseau accompagné d'Elli. Ils doivent faire face au feu ennemi, des fanatiques ayant déjà infiltrés la plateforme. Titus parvient à traverser mais Elli, blessé, et obligé de se plaquer contre un mur. Il est alors rejoint par Gabriel ainsi que Silace qui vole jusqu'au toit le plus proche. A eux trois ils sortent leurs grenades et les jettent sur la foule qui se presse au niveau du quai. Toutes n'atteignent pas leur but (certaines touchent même les prétoriens... N'est ce pas Gabriel?!) mais laissent le temps au technoprêtre de mettre tous les systèmes au vert et de tirer avec la tourelle-laser. Pendant ce temps, les défenseurs des barricades voient avec consternation le millier de porteurs de torches qui courent dans leur direction. La foule innombrable, ressemblant à un incendie sauvage dans l'obscurité, se jette en avant et semble capable de tout broyer sur son passage. De nombreux soldats se mettent à prier ou à pleurer. Le multilaser est enfin idéalement placé au moment où les fanatiques atteignent le portail. Torbal n'hésite pas une seule seconde et met en route la multilaser à pleine puissance. "Ça arrive ici aussi! Les enfoirés! Ils ont tout envoyé!" hurle t-il dans son vox. Hadley le rejoint posant à ses pieds la caisse de grenades artisanales fabriquées la veille. "Mon pote, ça c'est pour quand ils arriveront au contact!". Torbal fait feu sur la première ligne occupée à couper les chaînes qu'il a placé tout à l'heure. Hélas, endommagé par le combat précédent le calibrage de l'arme est faussé, aussi les trois quart de la rafale balaient le sol. Sur les tirs suivants, il tient compte de ce défaut et ses salves éclairent la nuit de leur couleur fluo avant d'exploser chair et os. Une centaine de personnes au moins est balayée de cette manière, ne laissant que membres arrachés et cadavres baignant dans leur sang. Mais les fanatiques tiennent bons et ne sont plus qu'à quelques minutes de les atteindre. Pour éviter que l'arme lourde ne surchauffe, Torbal se saisit de son lance-grenade à répétition mais ne parvient pas à reproduire son oeuvre de carnage. Hadley le dispute: "Putain! Torbal fais un effort merde!" puis saisit ses grenades pour les jetter sur la marée hurlante. Sur les ordres de leurs supérieurs, les soldats ouvrent le feu et le premier flux de rebelles à atteindre les barricades ne les franchit pas. Mais déjà une deuxième vague se presse...
La situation au quai tourne à l'avantage des agents. Les grenades de Silace créent un tel carnage au niveau des skiffs que tous finissent par repartir. De même, les tirs du vaisseau viennent à bout du groupe qui avait accosté, arrachant d'ailleurs à cette occasion l'escalier en métal. Elli quitte sa position, se soigne et rejoint l'autre front. Silace en fait de même mais tout en restant sur les toits. Titus et Gabriel, après avoir ordonné aux prétoriens de rejoindre les combats, retournent au générateur pour tenter une ultime répération et se rendent compte très vite que c'est peine perdue. L'armée ennemie enfonce les barricades. Elli, qui vient d'arriver sur place, reste sans voix devant la tempête humaine et fuit dans l'autre sens suivi d'une dizaine de soldats complètement paniqués. Cortez se tourne et en abat deux "Lâches! Vous ne méritez pas de vivre!" tandis que Jaspel se place en première ligne en haranguant ses hommes. Arrivé à l'autre bout de l'astroport Elli pense se cacher dans le Silver Arrow mais les soldats sont toujours là. A bout, totalement incontrôlables et possiblement prêts à tout, il sent qu'ils représentent clairement un danger pour lui et pour le véhicule. Il parvient à les éloigner grâce à son baratinage inné et son art de la manipulation. Certainement aussi que la chance y est pour quelque chose... De leur côté, Torbal et Hadley sont complètement dépassés. Alors qu'ils recommencent à creuser des sillons humains à l'arme lourde, les troupes ennemies les contournent puis fondent sur eux par l'arrière. Le garde impérial complètement obnubilé par le combat ne voit que trop tard ce qu'il se passe et reçoit plusieurs coups de lames dans les flancs. Il ne doit sa survie qu'aux réflexes d'Hadley qui le retire de son siège et couvre leur fuite grâce à une grenade fumigène. Silace tire de ses deux bolters et condamne à une mort certaine nombre d'insurgés. Pourtant, ils arrivent toujours plus nombreux et ses munitions s'amenuisent. Elle sait que cette situation ne pourra pas durer. D'autant plus que les forces de l'astroport sont très mal en point. Il ne reste désormais plus qu'une 40ène de soldats et le licteur Cortez est finalement arraché à son poste pour disparaître dans la foule hurlant comme un dément. Titus et Gabriel remontent et se rendent compte que les prétoriens trépassent à leur tour, abattus quasiment à bout portant par une puissante rafale de mitrailleuse lourde sur trépied. Hadley passant à ce moment là, est sonné par le bruit, et hurle les timpans en sang. Torbal essait de le porter. Gabriel se lance à leur aide et effectue un tir de couverture. Tout à coup, un cor couvre la rumeur de la bataille: les fanatiques sonnent la retraite!
Les occupants de l'astroport sont tous abassourdis! Ils ont donc survécu à un assaut de plus! Mais les agents de l'Inquisition ne l'entendent pas de cette oreille et pensent plutôt à un piège. Silace toujours en hauteur détaille les troupes ennemies avec attention. Le flot humains se retire mais semble se briser autour d'un obstacle imposant au niveau du portail. Qu'est ce que cela peut-il être? Pendant ce temps, Titus, toujours dans le vaisseau prêt à décoler, prépare un algorythme capable d'émettre un code d'identification correspondant à un vaisseau civil puis l'injecte dans les servo-crânes. Son but est de fabriquer des leures qui détourneront l'attention des satellites, du moins... Pour un petit moment. Après... Il faudra improviser! Hélas, la précipitation et le caractère improvisé de la chose font que seul un servo-crâne ne sera prêt à temps. Hadley, Gabriel et Torbal prennent place derrière la dernière barricade, afin de souffler et de se soigner. Les 30 soldats restants en font de même tandis que Jaspel cherche désespéremment Cortez parmi les blessés. C'est à ce moment là que Silace obtient enfin un angle de vue sur ce qui les attend "Par le Saint Trône! Un char d'asaut! C'est un char d'assaut!". Tout de suite, Hadley se retire suivi de la moitié des soldats. Gabriel fait comprendre à Jaspel l'urgence de la situation mais cette dernière s'effondre en larmes devant le regard terrorisé de ses derniers hommes. Sous les premiers tirs du char, le prêtre est obligé d'utiliser tout son sang froid et toute sa diplomatie pour réussir à la sortir de sa torpeur. Ne se sentant plus digne de porter sa charge, elle arrache ses insignes et les lui donne, lui transmettant les responsabilités qui vont avec. Malencontreusement, la discussion les a retardé et ils vont devoir courir à découvert, le blindé prêt à les aligner! Voyant cela, Torbal court héroïquement au multilaser et constate qu'il ne lui reste plus qu'un seul tir. La vigie du tank l'a apparemment vu, puisque la tourelle se retourne dans son sens, laissant le temps aux derniers retardataires de fuir vers les vaisseaux. Silace en fait de même, les couvrant des toits. Torbal voit l'accumulateur d'énergie se remplir progressivement tandis que le canon du blindé est presque pointé sur lui. Qui va être en mesure de tirer le premier? "Merde! Merde! Allez Empereur, tu m'as toujours eu à la bonne! Tu vas pas me lacher maintenant!". Enfin le bip du chargement plein retentit au moment où il est dans la ligne de mire du char d'assaut. "Feuuuu!!" hurle t-il en appuyant sur les gachettes. La salve crépitante atteint le véhicule de combat sur le côté inférieur faisant voler en éclat toutes les chenilles qui s'y trouvent. Il saute ensuite de l'arme lourde au moment où le tir du tank la soulève du sol et l'envoi exploser contre le hangar qui s'effondre du choc. Torbal court ensuite de toutes ses forces rejoindre son équipe et heureusement pour lui, son tir a gravement endommagé la capacité de déplacement du char. Après quelques tirs où le blindé réduit les ultimes barricades en cendre, un nouveau signal de retraite résonne. Il se retire lentement quittant complètement l'astroport. Est-ce à cause des dommages qu'il a subi? Une nouvelle stratégie perfide de Jastilus? Ou bien encore, un évènement extérieur?
Cette question reste en suspens car les agents de l'Inquisition sont bien décidés à quitter la planète et s'organisent déjà en ce sens. Après un checkpoint général de l'état de santé de chacun, les tâches sont réparties: Titus et Torbal retournent au refectoire faire le plein de provisions, Silace se place dans la tourelle-laser au cas où, Elli assure le rôle de vigie et Gabriel s'occupe de Jaspel et ses hommes (ce qui est d'autant plus facile depuis qu'il a hérité du commandement). Il décide de les rediriger vers le second vaisseau mise à part Jaspel qu'il préfère savoir dans son propre vaisseau: "Lorsque nous aurons décolé, nous garderons contact par radio" les rassure t-il. Mais y croit-il vraiment lui-même? Jaspel s'installe à l'arrière sans un mot, les yeux dans le vague, des larmes roulant sur ses joues. Elle est visiblement en état de choc. Hadley s'en approche mais Gabriel s'interpose le plaquant contre le mur. "Je sais à quoi tu penses, tu ne l'approches pas!". "Ah et pourquoi cela?". "Parce que la mort des gens n'a pas l'air de te déranger et que je n'ai pas confiance en toi". "Tu te trompes, la mort des gens me dérange, la notre en l'occurrence. Mon maître attend de moi que j'accomplisse une mission et c'est que je ferais coûte que coûte. C'est bien ce que tu fais toi aussi, non?". "Quand je pense à toutes ses années où tu m'as menti. Tu travaillais pour l'Inquisition en secret. Et quand tu partais effectuer des pélerinages, tu te rendais en fait en mission?!". Hadley se dégage de l'emprise de Gabriel."Toi aussi tu n'as pas été très clair lorsque tu es parti du temple. Milicient te le ferais payer cher s'il savait la vérité! Mais rassure-toi, je ne dirais rien. Après tout nous devons nous épauler entre frères de la main gauche...". "Quoiqu'il en soit tu t'approches pas de Jaspel, t'as compris?!". "Comme tu voudras. De toute façon j'ai mieux à faire, je dois parler avec ton primus" sur ses mots il sort du vaisseau et s'allume un cighalos sous le jour levant. C'est une aube rouge qui commence à poindre, donnant aux plaques métalliques de la plateforme une teinte sanglante. "Oui, c'est sûr... Maintenant on a plus le choix" se dit-il. Il voit enfin Torbal et Titus revenir chargé d'un gros sac. "Titus, puis-je vous parler en privé je vous prie?". "Que se passe t-il Hadley?". "Bien que vous n'ayez écouté aucune de mes idées depuis le début...". "Ne croyez pas ça, j'en ai toujours pris compte". "Oui et bien ça n'en donne pas franchement l'impression! Vous admettrez que si l'on m'avait écouté depuis le début nous n'en serions suremment pas là!". "C'est probable en effet". "Donc je n'irai pas par 4 chemins: votre idée pour traverser les satellites me paraît complètement suicidaire!". "C'est une méthode risquée je vous l'accorde. J'imagine que vous avez autre chose à proposer?". "Oui mais cela ne va pas vous plaire". "Dites toujours". "J'ai cru comprendre qu'un démon avait été banni dans la tour de l'Arbites". "C'est exact". "Si cela a été fait ne peut-il pas être défait, ici et maintenant?". "Vous voulez que nous invoquions une engeance du warp?". "Pour l'utiliser contre nos ennemis, oui! Seule une puissance surnaturelle peut nous sauver de là! Si cela tourne mal on aura toujours plus de chance contre elle que contre des tirs orbitaux! Selon moi, c'est un risque à courir!". "Jamais nous nous abaisserons à de telles techniques!". "Mais enfin Titus vous...". "Cela suffit Hadley! Encore un mot sur cette folie et j'en fait part à la sorroritas! Nous verrons comment elle réagira...". Sur ce, Titus entre et va se placer au poste de commandes. "Gabriel où est Jaspel?". "Là au fond, elle s'est endormie". "Elli, toujours rien?". "Nop boss, rien de rien. Y bougent plus les excités". "Ok, que tout le monde revienne dans le vaisseau et prenne place, nous allons décoler".
Tous s'installent et s'attachent à leur place habituelle. Gabriel sort de sa poche la plaque d'identification de l'arbitrator Constantine et décide d'utiliser son étrange faculté pour en apprendre plus sur les circonstances de sa mort. Silace observe à travers la visée de la tourelle et voit Elli revenir en courant. Hadley, peut-être peu convaincu par la réponse de l'homme-machine, se déplace de sièges en sièges et pose une main sur l'épaule de Gabriel. Un choc bleu électrique grésillant a alors lieu entre les deux hommes projetant même quelques éclairs. Une odeur d'ozone envahi immédiatement le compartiment. "Hé, c'était quoi ça?" s'exclame la sororitas la main sur un bolter. "Je... Putain je sais pas! T'as qu'à demandé à ton pote!" articule préniblement Hadley avant de vomir. Gabriel crit "Merde! Pourquoi tu m'as touché?! J'étais en train de..". "Oui? En train de quoi?!" s'exclame Elli. "Hey! Taisez-vous derrière! Je capte des communications!" ordonne Titus à l'avant. Bien que brouillée, le technoprêtre avait clairement reconnu une transmission de la Garde Impériale. Voilà donc certainement pourquoi les fanatiques avaient cessé leur assaut. Il entre en contact avec leurs éventuels sauveurs et décline leurs identités ainsi que leur position. Il leur est demandé d'attendre et quinze minutes plus tard, 8 chimères de la Garde se posent sur la piste. Des soldats en sortent en armure de combat et sécurisent la zone sous les ordres de leur chef. Titus va à sa rencontre suivi des membres de son équipe. Il fait face à une force de la nature, la peau noire et la moitié du visage brûlée. Sa longue cape vole à chacun de ses pas et ses décorations le désignent comme un lieutenant-colonnel. "Je suis l'officier Klark du XVIIème R.I. Cette planète est désormais placée sous l'autorité de la Garde. Jetez vos armes!". "Lieutenant-colonnel, je suis le Tribun Titus". "C'est vous que nous avons eu au vox? Vous avez de quoi prouver vos identités?". Tous les agents présentent alors leurs cartes ident. Des gardes s'avancent, scannent leurs badges et s'emparent de leurs armes et équipement. "Je vois, vos identités sont confirmées". Il se tourne et claque des doigts à l'intention de ses hommes. Ces derniers les encadrent de leurs fusils-mitrailleurs. "Toutefois, vous allez devoir me suivre agents, vous êtes attendus..."