Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 22:31

 

 

XXIII) Complot éventé

 

 

Comme l'éon doré l'espérait, les trois laquais fautifs sont congédiés par leurs maîtres tandis que la troupe de chasseurs se met en marche. Il décide alors de les suivre accompagné de Kintas. Pendant ce temps, Natacha et Gaïa font le tour des écuries pour glaner des informations. Malheureusement, cette voie n'offre pas toutes les pistes espérées, la zone étant particulièrement bien surveillée par un maréchal-ferrant des plus susceptibles, et le bâtiment tenant d'un véritable bastion avec son unique porte en plastacier et ses murs culminant à cinq mètres de haut. Comment quelqu'un peut-il s'introduire là? Cette interrogation ne menant apparemment nulle part, les deux femmes décident de réorienter leurs investigations sur Lizabel Grisham. En interrogeant une brochette de domestiques, elles arrivent rapidemment à apprendre qu'étant une éternelle gourmande, il lui arrive bien souvent de passer des commandes spéciales aux cuisines et que ses appartements sont d'ailleurs tout entiers consacrés aux arts culinaires. Rebondissant sur ces dernières informations, elles se rendent jusqu'aux bâtiments des cuisines d'où de délicieuses odeurs mêlées leur proviennent: viandes de gibier mijotant dans des sauces au vin de Quaddis, potages de légumes variés assaisonnés aux épices de Munsk, poissons et molusques de Valos Krin grillés au miel de Iocanthus... Tout de suite, elles constatent qu'une certaine agitation règne en ces lieux. Les cinq cheminées fument à plein régime, une armée de marmitons effectue des allées-retours incessants, plusieurs fourgonnettes réfrigérées sont en train d'être déchargées sous les ordres rauques d'un personnage massif. Ce dernier porte une haute toque blanche et agite de manière menaçante une énorme louche en étain au-dessus de la tête de ses sous-fifres. Gaïa l'apostrophe et c'est une femme au visage des plus ingrats qui se retourne. Les deux enquêtrices restent un moment sans voix devant la carrure tout en muscle, la machoire carrée, la pilosité ciblant les bras et la moustache de la matrone, ce qui a le don de l'énerver immédiatement. Elle retire de ses lèvres le monstrueux lhos qu'elle fumait et commence à leur hurler dessus. Heureusement, Natacha a l'idée de lui souffler l'idée qu'elles viennent de la part de Grisham ce qui la radouçit dans la seconde. Elle leur explique alors qu'elle les attend depuis deux jours car leur maîtresse a passé une commande qu'elle n'a pas fait récupérer. Au niveau de l'agitation ambiante, la chef-cuisinière leur apprend qu'une grande réception est donnée ce soir en l'honneur du retour de Lord Cromwell et il est prévu qu'il y annonce une grande nouvelle concernant sa fille. D'après les rumeurs, cela aurait un rapport avec le mariage planifié depuis plusieurs mois entre Scynthia et Anton Merrywood, l'héritier de la Maison Merrywood. Les deux jeunes femmes la remercient pour ses renseignements et s'apprêtent à partir quand la géante les arrête. Elle fait venir la commande de Lizabel et leur explique qu'ayant besoin de place dans la chambre froide, elle ne peut la garder plus longtemps. De plus, il faut qu'elles l'apportent sans tarder à leur maîtresse car la fraîcheur est un critère primordial dans la dégustation du produit. Les deux femmes s'exécutent comme si cela était convenu puis se rendent dans le labyrinthe de haies tout en portant la lourde caisse frigorifique. Elles l'ouvrent et une langue de grox en gelée accompagnée d'une confiture de ploins se dévoile. Elles s'offrent alors une pause pique-nique, Natacha se délectant de ce met tandis que Gaïa ne goûte qu'à la confiture, le reste lui paraissant vraiment bien peu appétissant et pour ainsi dire écoeurant. Une fois rassasiées, elles décident de vider entièrement la caisse au sol pour être sûres que rien ne soit caché sous la couche de glace pilée. Le fond de la caisse étant vide, elles se rendent finalement au lieu de rendez-vous habituel.

 

Les trois hommes marchent d'un pas précipité en geignant. Rien de plus normal se dit Kintas, ils viennent de subir une sacrée dérouillée. Pourtant, il y a quelque chose détrange... Pourquoi échangent-ils des rires crispés de temps en temps? D'après ce qu'il comprend, l'enrobé au bouc roux se nomme Harold. C'est lui qui rit le plus. Cela fait plusieurs fois qu'il demande à ses collègues "C'est bon les gars? On peut le sortir?". Le groupe se stoppe. Le plus maigre des trois, un type aux longs cheveux noirs, attrape Harold pour le col et lui chuchotte "Merde! Contrôles toi un peu! On va là où on a dit sinon t'as pas ta part! Vu?". Le petit blond frisé intervient: "C'est bon Phil, il a compris! Pas vrai Max?". "Euh ou... oui désolé". Phil se détend "Ok ça va. Allez on y va vite!". Le groupe reprend sa marche clopinante et entre dans l'un des dédales de verdures. Les deux psykers se hâtent et se retrouvent face à deux directions possibles. "Zut! On va les perdre!" lâche Thane. Il décide alors de faire appel à ses pouvoirs pour tenter de localiser leur présence. Mais comme bien souvent, les courants du Warp sont malicieux et décident d'accéder à sa requête d'une manière inattendue. La gravité quitte instantanément son corps jusqu'à ce qu'il s'envole à 4 mètres de haut. Cela lui permet de voir leurs cibles se déplacer entre les allées juste avant de s'effondrer lourdement. Le choc de la chute lui coupe net le souffle tandis que son menton percute violemment le sol. Kintas se porte immédiatement à son secours et l'aide à se relever. Son compagnon, le nez en sang, lui confirme: "Je... Je les ai vu, ils se rendent au centre. L'endroit n'a que deux sorties. Séparons-nous et nous les bloquerons. Au milieu de ces haies nous pourrons utiliser nos pouvoirs sans trop nous faire remarquer". "Très bien, je te suivrais en me focalisant sur ton ombre psychique".

 

Harold, Max et Phil étaient enfin arrivés. Là, au milieu de ce labyrinthe, personne ne les verrait. Harold trépigne d'impatience, agitant les mains devant lui: "Allez, allez! Sort les!". Phil regarde ses deux compagnons avec sérieux puis se fend d'un large sourire. Il dégraphe sa botte droite et la retourne. Quelque chose glisse tout le long puis tombe au sol dans un bruit étouffé. Les trois valets se penchent et regardent la petite liasse de billets avant d'exploser de rire.

 

Max commente: "Ha ha ha! Bordel! Les gars, on a morflé mais ça en valait vraiment la peine! 300 trônes les mecs! 300!! Ouaiiis!"

 

Harold jubile: "Oh oh oh! Arêtes de le répéter je vais me faire dessus!"

 

Phil lui met un coup de coude complice: "Hé hé hé! Tu rigole ou quoi? Avec tout ce fric tu ne vas pas te faire dessus pour une fois, mais sur l'une des plus belles catins de la ville! Pourquoi pas la Bella Farnese?!"

 

Harold devient rouge pivoine: "La Bella Farnese? Carrément! Ooh! C'est vrai que je pourrais tout claquer d'un coup pour...".

 

"On ne bouge plus". La voix était sèche et sans concessions. Et le déclic de l'arme éliminait le peu d'espoir qu'il y aurait pu avoir. Les trois têtes se tournent et voient cet homme à demi-courbé sur une haie qui pointe un revolver sur eux. Son visage fermé semble dénué de la moindre pitié et affiche la même détermination qu'un répurgateur en chasse. Plus par réflexe que par une action réfléchie, les laquais se redressent d'un bond et se précipitent vers le passage le plus proche espérant échapper aux tirs. Mais l'homme apparaît juste devant eux, l'arme toujours pointée! Quelle est cette diablerie?! Il n'a pas pu faire le tour en moins d'une seconde! Sans hésiter, les trois terrorisés se retournent et se jettent à corps perdus vers la deuxième sortie. C'est alors qu'un être issu de leurs pires cauchemars en surgit armé d'un pistolet laser. Son visage n'est que matière osseuse tandis que des flammes rouges occupent ses orbites. Il ouvre la bouche et une langue bifide passe subrepticement sur ses lèvres décharnées. D'une voix tout droit sortie des forges de l'Enfer, il leur ordonne de se jetter à terre et de répondre à leurs questions. 

Partager cet article
Repost0
10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 22:26

 

 

XXII) Proies et chasseurs (H-5h34)

 

 

Elle s'attendait à tout mais certainement pas à ça. Leurs armures sont en écailles d'or et de longues capes en soie brillante couvrent leurs épaules. De leurs casques à cimier s'échappent des panaches de plumes multicolores, s'accordant parfaitement au couleurs des armoiries gravées sur leurs plastrons. La moindre partie de leur équipement brille de matières précieuses et de pierreries serties tandis que leur armement démontre une onéreuse diversité: épées énergétiques à la garde damasquinée, carabines à bolts Angelus décorées de fines plaques nacrées, intimidants canons de poing fait sur mesure dont certains éléments atypiques sont de toute évidence xéno... Les scintillants personnages sont assis sur des chevaux, des étalons pur-sangs robustes et racés, équipés de pied en cap de lourdes plaques ouvragées, dont le luxe n'a rien à envier à celles de leurs maîtres. Gaïa, arrivée la première sur les lieux, observe la scène fascinée par ce bruyant nuage multicolore. Elle réalise au bout de quelques secondes qu'elle est en présence d'une troupes de nobles en partance pour une partie de chasse. Toute une suite soumise et mielleuse s'agite autour d'elle, des pages portant les fanions jusqu'aux palefreniers brossant les montures en passant par les chimères présentant des plateaux chargés de fruits exotiques. Des hommes en armes se trouvent également à leurs côtés dont l'équipement, rustique et terne, contraste de manière choquante avec celui de leurs maîtres. Portant des casques conniques intégrant un protège-nez ainsi que de longues chemises de mailles enfilées par dessus une combinaison en cuir épais, ils sont équipés de grands sacs et de ceintures garnies de couteaux à dépecer. Ils tiennent en laisse des molosses carapacés grogant d'impatience. Des tueurs de Sinophia...

 

Natacha, Thane et Kintas débouchent enfin du labyrinthe vert. La jeune noble, essouflée, demande à la copiste: "Pouf ouf ouf... Mais... Où t'as appris... ouf... à faire ça? Sauter comme ça... ouf... par dessus les haies comme si de rien n'était?"

 

Gaïa commence: "Et bien en fait..."

 

Kintas s'essuit le front avec un mouchoir: "Mais qu'est ce qui se passe içi? C'est qui eux?"

 

Thane expire longuement et s'appuie avec soulagement contre un arbre: "Je dirais des nobliaux qui partent épancher leur soif de sang..."

 

Gaïa reprend: "Exact, et les chiens qui nous ont attaqué sont juste là... Euh... Mince! Mais où sont-ils?".

 

Toutes les têtes se tournent dans la direction indiquée. Ils ne voient pas tout de suite ce qu'essait de leur montrer Gaïa car la foule colorée est agitée de remous constants. Natacha ne le sait que trop bien: chaque mouvement, chaque parole, chaque geste, rien n'est innocent dans ce monde d'apparat. Même l'acte le plus banal se doit d'être executé de manière pompeuse. Les aristocrates apprennent à se donner en spectacle dès la naissance et, il faut bien le reconnaître, c'est un art dans lequel ils excellent. Rapidement, les enquêteurs ont l'impression d'assister à une représentation théâtrale et ne savent plus où donner de la tête entre les rires forcés, les pauses dramatiques et les dialogues sophistiqués. Soudain une accalmie au milieu de cette tempête leur permet de repérer leurs cible. Là. La meute qui vient de les attaquer se trouve là. Plusieurs soudards les encadrent, les réceptionnent, l'un souffle dans un sifflet muet en regardant au loin, tandis que trois autres accrochent des laisses sur leurs colliers. Juste à côté se trouvent trois pages à genoux sur les pavés de la place. Ils ont retirés leurs redinguotes et hurlent de douleur. En effet, l'un des nobles est en train de les fouetter vigoureusement tandis qu'un autre les insulte copieusement. Tout laisse donc à penser que les trois domestiques sont coupables d'une faute et sont en train de la payer chère.

 

Kintas: "Alors quoi? C'est juste un accident? C'est ces trois gars là qui ont laissé échapper les chiens?"

 

Thane: "Non, c'est trop suspect pour moi. Pourquoi les clébards se sont acharnés uniquement sur nous?"

 

Natacha: "Oui c'est vrai! Quand on a essayé de fuir ils nous ont poursuivi".

 

Gaïa: "Qu'est ce qu'on fait alors? Si le coupable est l'un de ces nobles, on ne peut pas aller le voir directement!"

 

Thane: "Je crois que j'ai une meilleure idée..."

Partager cet article
Repost0
9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 09:09

300pxjacquesblanc 2Je ne sais pas vous mais moi, Jean Reno c'était l'un des héros de mon enfance. Entre Le Grand Bleu, Nikita, Ronin et l'inoubliable Léon, il a toujours présenté cette image de l'homme fort mais sensible qui lui allait comme un gant. Et puis un jour, au détour d'un certain Da Vinci Code, il est devenu de moins en moins présent. Même s'il nous gratifie de temps en temps d'un rôle remarqué comme dans La Rafle ou L'Immortel, on ne le voit/entend presque plus sur les ondes françaises. Alors, où est-il passé? Et bien depuis des années, sieur Godefroy de Montmirail vit quasiment au Japon où il cultive une image d'icône incontournable... Car ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que la star française est considérée comme un véritable dieu vivant dans le pays où il y aura bientôt des robots. J'en veux pour preuve la myriade de spots publicitaires locaux où on le trouve en train de nous vanter la fraicheur d'une boisson énergisante, la saveur d'une sauce soja ou la cool-attitude d'un paquet de cigarettes. Pour ma part, je vous ai sélectionné cette série de publicités que je trouve plutôt rigolotes dédiée à la marque Toyota. Il y incarne Doraemon, un personnage mythique pour tous les petits nippons...

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (1)

http://www.wat.tv/video/publicite-toyota-jean-reno-4imdv_2ey3b_.html

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (2)

http://www.youtube.com/watch?v=XNWMgWenQGw

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (3)

http://www.youtube.com/watch?v=O7Rd73cL__I

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (4)

http://www.youtube.com/watch?v=zoIc0bnvSls

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (5)

http://www.youtube.com/watch?v=w_Ts1frIGVY

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (6)

http://www.wat.tv/video/publicite-toyota-jean-reno-4tafn_2ey3b_.html

 

Doraemon dans une série de publicités pour Toyota (7)

http://www.youtube.com/watch?v=VA6nPfV9LKY&feature=watch_response

 

Celle-là ne fait pas partie de la série mais elle est à voir car... (NB2) 

http://www.youtube.com/watch?v=TiujQ1Hb95I

 

NB1: Pour les petites curieux ou ceux qui veulent creuser le sujet, je vous laisse en compagnie du site Japander.com, LA référence en la matière!

 

NB2: ... pour ceux qui connaissent, la fin se passe sur le pont d'Avignon! (On reconnait même le Palais des Papes en incrustation! ^^)

Partager cet article
Repost0
21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 20:42

 

 

XXI) Turbulences

 

 

Il leur fallu quelques minutes pour comprendre de quoi il s'agissait. Une masse sombre avait passé les premières haies avec une facilité déconcertante, ondulant telle une vague pour passer au dessus et se précipiter jusqu'à la prochaine. Peu à peu, la forme s'était faite plus précise et avait dévoilé une dizaine de corps mélangés, trappus et furieux. Finalement les aboiements et les protections dorsales couvertes de lames ne laissaient plus de doutes: une horde de canidés était en train de se jetter sur eux. Leur observation n'avait pas durée plus de quelques secondes et pourtant elle leur avait fait perdre un temps précieux. Déjà, la masse hurlante ne se trouve plus qu'à quelques mètres d'eux. Les enquêteurs, complètement paniqués, fuient dans l'allée principale à perdre haleine. Les chiens émergent un à un derrière eux, leurs longues pattes robustes avalant la distance qui les sépare en quelques instants. "On ne pourra jamais les semer" hurle Thane. Il dégaine son épée et fait face à ceux qui vont peut-être mettre fin à sa vie. Il voit leurs pelages noirs et leurs yeux fous le fixant, leurs gueules garnies de crocs et de bave ainsi que leurs muscles puissants rouler sous leur épiderme. Des tueurs de Sinophia... On ne peut pas rêver pire comme race en combat rapproché! Ces molosses sont de véritables carnassiers élevés et manipulés génétiquement pour une seule et unique chose: le combat. D'autant plus que ceux-ci portent des protections à la tête et au corps. Les 3 premiers cerbères esquivent aisément le coup de l'éon doré, l'un se jettant sur sa cheville gauche et l'autre sur son poignet droit. Il tombe au sol en hurlant certain que le troisième va refermer sa machoire sur sa gorge et lui arracher la carotide. Pourtant, il n'en est rien et des coups de feu résonnent à ses oreilles. Kintas et Natacha viennent de se retourner pour faire usage de leurs armes de poing. Une partie de la meute se jette alors vers eux tandis que Gaïa se précipite sur Thane. D'un coup précis, son sabre exotique tranche la patte arrière de l'une des créatures et l'envoit rouler en couinant. La copiste esquive une autre attaque, les machoires de la bête claquant dans le vide. Kintas laisse les vents du Warp affluer en lui et entrevoit pendant quelques secondes les différentes possibilités du futur. Cela lui permet d'assurer ses tirs et de viser en avance les prochaines localisations des monstres. Malheureusement, ces derniers sont si vifs qu'ils ne sont touchés par aucunes de ses balles. Il en va de même pour Natacha qui, exaspérée, décide de passer aux choses sérieuses en sortant son fusil-mitrailleur du sac. Sa rafale n'est pourtant d'aucune utilité. Gaïa crit de souffrance car l'une des bêtes vient de la mordre au niveau du bassin. Kintas se fait atteindre à son tour à l'avant-bras gauche et porte des coups d'épée qui ne semblent pas effecter son assaillant. Thane se jette à son secours et tente de le dégager. Tout à coup, les molosses se stoppent et redressent leurs têtes, oreilles dressées en l'air. Ils restent immobiles quelques secondes puis repartent aussi vite qu'ils sont arrivés. Gaïa s'élance à leur poursuite "Ah non! Hors de question qu'ils nous échappent!".

 

Aestus et Lupus courent jusqu'au salon rouge et doré. Le mécamancien arrache un bout de sa toge et le roule autour de la data-tablette trouvée plus tôt. Il ouvre ensuite l'aspirateur qu'il avait mené jusqu'ici et cache son butin dans le compartiment à poussière. Pendant ce temps, le licteur se rend à la fenêtre et jette des regards furtifs derrière les rideaux. Les jeeps sont vides et le groupe d'intervention a disparu. "Merde! Ils sont déjà à l'intérieur!" hurle Lupus. Aestus dégaine son pistolet laser et le cache sous sa robe. Il regarde ensuite à travers l'oeil de boeuf. Bien qu'il ne soit qu'un technoprêtre novice, il avait survécu dans sa jeunesse au complexe rituel que l'on nomme Cérémonie de la Machine. Terreur des techno-adeptes, beaucoup ne le supportaient pas et sombraient dans la folie ou dans un état comateux. La cérémonie du technoasservissement prenait alors le relais. Mais lui, il avait été déclaré véritable fils du Grand Rouage et avait reçu la première partie des bénédictions de l'Omnimessie. Cela lui donnait des avantages non négligeables. Réglant l'afflux de données arrivant à travers ses globes occulaires, il décompresse les informations une à une de façon à analyser chaque détail séparément. Il sait que le couloir présente 18 portes chacune espacées de 8,6 mètres. Entre chaque intervalles se trouvent de grands miroirs accrochés aux murs ainsi que des alcoves habillées d'un rideau. Utilisant les reflets des miroirs ainsi que les éléments fractionnés recueillies durant sa surveillance du corridor, il arrive à extrapoler sur le fait qu'un des conduits à linges observé dans le parking doit trouver sa source derrière le rideau de la 9ème alcove droite, après les escaliers principaux. Il entend également une pulsation rythmique venant selon toute vraissemblance d'un système vox, mais n'est pas capable de l'identifier. S'il avait possédé les microcouches augmentiques adéquates, il aurait pu effectuer une série d'ajustements précis pour atténuer ses sens et activer des filtres. Malheureusement, ce n'était pas le cas, et ce qu'il essayait d'identifier ressemblait d'avantage à de la bouillie sonore. D'autant plus que, même s'il aurait préféré se faire arracher la langue plutôt que de se l'avouer, l'accélération incontrôlée de son coeur biologique et l'afflux sanguin provoqué par le stress jouaient actuellement le rôle de brouilleurs. Lupus rejoint l'homme-machine. Il est abassourdi par la minutie des détails qu'Aestus lui communique. Il conclut: "Le corridor est désert. Je pars en reconnaissance, licteur".

 

Le mécamancien sort de l'appartement, ne voit personne dans le couloir, tire son aspirateur jusqu'à lui et referme la porte. Cela lui laisse tout juste le temps d'apercevoir son campagnon sortir son canon de poing et se plaquer contre le mur gauche. L'homme-machine entend alors un déclic derrière lui accompagné de quelques paroles "On ne bouge plus! Les mains en l'air!". Il s'exécute immédiatement, jettant son pistolet laser au sol. Toutefois, les différents éléments sonores et visuels qu'il perçoit lui permettent de reconstituer la scène dans son esprit. Quelqu'un était en fait caché derrière le rideau de la troisième alcove droite et vient de sortir tenant son arme pointée en avant. D'après le bruit de ses pas, il semble être vêtu d'une protection légère. Ce doit être l'un des gardes de la porte d'entrée qui a été envoyé en reconnaissance avant que le commando ne débarque. Au bruit de l'arme il s'agit certainement d'un modèle de poing. Le premier tir peut donc ne pas être mortel. "Ici Cold. Je tiens le premier intrus dans le couloir 4 Ouest, je répète...". Pendant que toutes ces données se bousculent dans ses circuits céphaliques, son ennemi s'avance jusqu'à lui, se saisit d'une paire de menottes et attrape sa main droite. Le contact agit comme un signal et Aestus se retourne soudainement pour porter un coup de poing dans la main armée. Le garde, surpris, n'a pas le temps de réagir et son automatique se retrouve au sol. Il essait alors de frapper le mécamancien à la gorge mais il esquive, agrippe son visage et le frappe à deux reprises contre l'aspirateur industriel. Le garde crit de douleur, les dents ensanglantées mais cela ne l'empêche pas de se saisir d'un couteau et d'en porter un coup dans les flancs de l'homme-machine. Ce dernier lâche sa prise et recule sous le choc. Ses capteurs neurohormonaux le préviennent qu'au prochain coup de la sorte, il est assuré d'entrer en hémorragie. C'est alors que la porte de la chambre s'ouvre à la volée tandis que Lupus en sort et tire à deux reprises sur le garde. Le rugissement de l'arme résonne dans tout le corridor. L'un des tirs touche sa cible à l'épaule et la projette un mètre en arrière contre un miroir qui vole en éclats. Le licteur sait que son intervention vient de sceller son destin, aussi, il se précipite le plus vite possible vers le milieu du couloir, là où il sait se trouver l'hypothétique sortie qui lui sauvera la vie. Il passe devant les escaliers principaux et voit les commandos se déplacer en formation. "Des coups de feu! Intervention immédiate! Go go!". Il arrive devant l'alcove désignée par son camarade, tire le rideau et voit l'entrée du conduit à linges. Aestus de son côté ramasse son arme puis se tourne vers l'aspirateur. Il ouvre le compartiment à poussière et cherche ce qu'il y a caché alors que Lupus lui hurle de venir le rejoindre. Soudain, environ 6 petits objets métalliques tombent au sol et explosent dans une gerbe de lumière blanche incandescente. Les deux compères sont complètement aveuglés et leurs oreilles émettent un sifflement atroce. Aestus renonce à récupérer son larçin et s'élance au hasard espérant se rapprocher de Lupus. Ce dernier a été projetté au sol sous le choc et se retrouve à ramper, cherchant à retrouver de nouveau l'alcove. Les 3 premiers militaires arrivent au sommet des escaliers et quelques tirs prennent pour cible les deux intrus. Le mécamancien se fait lourdement toucher au torse, ce qui fait littéralement exploser son gilet pare-balle. Le licteur a bien plus de chance, une balle lui éraflant simplement l'avant-bras gauche. Enfin, la vue revenant, Lupus retrouve la sortie improvisée. Il jette un oeil de côté et voit les dix soldats prendre place en deux lignes dans le couloir. Les cinq premiers ont un genou à terre tandis que les autres se positionnent derrière à demi-courbés. Tous armés de fusils d'assaut, ils se préparent à faire feu. Aestus se tient immobile, à mi-distance entre lui et eux. Les deux camarades échangent un dernier regard puis le mécamancien se retourne pointant son arme sur les commandos. Le licteur se jette les deux jambes en avant dans le conduit tandis qu'il entend les armes cracher leurs balles en rafale et que des flashs stroboscopiques éclairent sa chute. 

Partager cet article
Repost0
21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 18:36

 

 

XX) Mi-temps (H-5h53)

 

 

"Et c'est pourquoi on pense qu'il n'est plus au palais" conclut Kintas. Il prend deux cartes dans la pioche et les regarde: le Fabricator valeur 9 et l'Empereur-Dieu valeur 4. Les deux néophytes étant arrivés en premier, ils avaient commencé une partie de "Main de l'Empereur" en attendant les deux autres. Le dé indiquait cinq.

 

"Alors si je comprend bien, Mordiker a été le précepteur de Scynthia pendant trois ans, suite à quoi il a été chassé l'année dernière par le seigneur Cromwell, c'est bien ça?" résume Gaïa, retroussant ses manches à cause de la chaleur.

 

"Oui c'est exactement ça" confirme Thane. Il fronce les sourcils car la carte qu'il vient de piocher, l'Assassin valeur 3, n'est pas terrible.

 

"En gros, notre meilleure piste s'effondre si je comprends bien!" s'exaspère Natacha. Elle ouvre un bouton supplémentaire de son décolleté déjà très plongeant. Elle aussi semble souffrir de la hausse de température, à moins qu'elle n'essait tout simplement d'attirer l'attention à elle.

 

"Au contraire! Ce Mordiker est décidément un type bien louche et en plus, maintenant, on sait qu'il a possiblement un mobile pour vouloir se venger des Cromwell" soutient Kintas. Il peste alors que Thane dévoile ses cartes gagnantes. Sa dernière pioche est en effet une Galaxie valeur 21.

 

"Il a été chassé pour quelles raisons?" demande Gaïa prenant place sur la marche à côté d'eux.

 

Thane récupère les cartes et les mélange. "Ce n'est pas très clair. Apparemment, il a fait un faux pas quelconque mais personne n'a l'air de vraiment savoir de quoi il en retourne. La rumeur la plus répandue est qu'il aurait froissé quelqu'un d'extrêmement important d'où l'intervention personnelle du Lord. On a également appris qu'il avait un certain succès avec les femmes et qu'elles faisaient toutes la queue pour se rendre à son club de lecture, la "Connaissance exquise". Scynthia et ses trois dames de compagnie occupaient même le poste de "Muses d'Honneur". Avec les hommes par contre c'était une autre histoire..."

 

Kintas s'écarte laissant passer Natacha qui a visiblement décidée de s'asseoir entre lui et Thane. Il poursuit: "Oui, pour faire bref, ils le détestaient tous cordialement. Mordiker avait un bureau à la chancellerie mais il n'y a jamais mis les pieds tant Aldebert et lui ne pouvaient pas se supporter. Du coup, il ne logeait pas au palais mais en ville. La chose la plus étrange est qu'il avait la réputation de résider dans les bas quartiers, au milieu des voleurs et des malandrins. Pourtant l'argent ne devait pas être un problème pour lui!".

 

Gaïa se frotte le menton. "C'est vrai que c'est louche. A moins que son but n'ait été de se livrer à des activités illicites en toute discrétion...".

 

Les deux néophytes s'écartent car Natacha s'est effectivement assise au milieu, étendant ses jambes attrayantes de tout son long. Thane se racle la gorge, mal à l'aise. "Hum hum! Oui, on y a pensé aussi. Et vous alors, vous avez avancé sur Grisham et Mercurial?"

 

Gaia annonce: "Pas un brin. En fait nous sommes restées bloquées un moment sur ceci". Elle pose son sac sur ses genoux, en extrait une clef de donnée et lui tend.

 

Thane saisit l'objet et l'examine sous tous les angles. "D'où vient cette clef de données?"

 

Gaïa explique: "C'est Natacha qui l'a trouvé hier dans le coffre du medic Aloesius".

 

Kintas se lève d'un bond. "Mais je rêve! Tu avais ça depuis tout ce temps et tu nous a pas prévenu?!"

 

Natacha se penche en avant laissant déborder une partie de son oppulante poitrine et récupère sa trouvaille. "Allons mes amis! Un regrettable oubli, rien de plus! Ce qui compte c'est que nous ayons pu la décrypter et lire ce qui s'y trouve".

 

Kintas ramasse une à une ses cartes et les fourre rageusement dans sa besace. "Non mais franchement! Je suis le seul à penser qu'elle se fout de...!!"

 

Thane lui tend celles qu'il avait entre les mains. "Calme toi Kintas. Ce qui compte c'est que nous ayons les informations après tout. Qu'est ce que donnaient les fichiers?"

 

Gaïa, parcourant de nouveau le texte sur sa data-tablette, dévoile: "Et bien apparemment, Aloesius serait peut-être responsable de sa mort".

 

Kintas s'exclame: "Tu débloques! Pourquoi le médic voudrait tuer Scynthia?"

 

Gaïa zoome sur un passage et leur montre. "En fait, ce n'était pas voulu directement. Le praticien était aussi, à ses heures perdues, celui qui fournissait toutes les intrigues du palais en poisons divers. Or sa dernière cliente visait secrètement la mort de la fille Cromwell".

 

Natacha se lève soudainement, attirée par un bruit. Elle se rend jusqu'à la haie la plus proche. Thane suivant la jeune noble du regard commente: "Et qu'elle était cette cliente? J'imagine qu'on la connaît?"

 

Gaïa approuve: "Oui en effet. Mélissandre Zenthrix. La dame de compagnie qui lui a commandé des bâtons de rouge à lèvres".

 

Natacha tente doucement: "Euh... Les gars?"

 

Thane se masse le front, luttant contre la migraine qui menace de s'installer. "Bon, où tout cela nous mène t-il alors?"

 

Kintas récapitule: "On sait que Mordiker est derrière tout ça mais n'a plus vraiment accès au palais. Zenthrix pourrait être sa complice?"

 

Gaïa semble indécise: "Oui c'est pas bête, sauf que..."

 

Natacha crit: "Les gars!!"

 

Kintas se retourne, furieux: "Quoi?! Tu te souviens d'une autre preuve que tu nous a caché, c'est ça?!!!"

 

Le visage de la fille aux cheveux roses est livide. "Vous devriez venir voir, je crois qu'on a un problème!"

Partager cet article
Repost0
17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 16:12

 

 

XIX) Mauvais karma

 

 

Loin d'être rompus à ce genre d'exercice, leur accoutrement est peu convainquant, particulièrement pour le disciple de l'Omnimessie, qui a tenu, en plus, à emporter un aspirateur industriel qu'il soulève à bout de bras. Toutefois, ainsi parés, ils n'hésitent plus à se rendre jusqu'à la porte suivante dont ils forcent grossièrement la serrure. De l'autre côté, une salle des machines poussiéreuse leur fait face. Seulement éclairé par les diodes bleues de veille, Aestus examine les différentes machines ronronnantes et reconnait les systèmes gérant l'aération et l'intensité du courant électrique. Lupus s'en détourne et pousse un battant de bois donnant sur une salle de repos. Il commence à fouiller les lieux et l'homme-machine finit par le rejoindre. Trouvant de quoi se rassasier, ils s'improvisent une collation à base de biscuits secs et de recca froid. Puis avant de repartir, Aestus vole plusieurs trousseaux de clefs accrochés au mur. Les étiquettes guident son choix: il en prend deux par étages plus celle du véhicule stationné. Les deux travestis s'avancent ensuite jusqu'à un couloir donnant sur un escalier. Arrivés au bout, ils traversent un rideau et se retrouvent dans un corridor des plus luxueux. Le sol est en marbre et les murs sont habillés de boiseries fines où sont gravées des scènes de batailles légendaires. La disposition des lumiglobes a été travaillé de façon à mettre en valeur les ancêtres de la famille Cromwell ou les drapeaux portant leurs armoiries. Les deux compères délaissent les multiples portes pour remonter le couloir jusqu'au hall d'entrée. Ils reconnaissent les gardes à qui ils ont déjà eu affaire et évitent de croiser leurs regards. Ils progressent ainsi sur un long tapis rouge aux liserés d'or, traversant l'immense vestibule culminant à plus de 20 mètres de haut. De colossales statues représentant des personnages drapés de toges se trouvent là. La plupart sont des aïeuls Cromwell, déjà vus sur les boiseries, et beaucoup portent une sphère dans leur main. Aestus fait le rapprochement avec la planète Kinog lorsqu'il reconnait les différents continents qui y sont dépeints. Arrivés aux pieds des majestueux escaliers, ils observent les 4 paliers visibles, une balustrade à chaque étage permettant d'avoir une vue d'ensemble. Peu de gardes et quelques domestiques occupés à astiquer. Une réception se trouve au premier niveau mais, vu l'air peu accueillant de ses occupants, le duo préfère se tourner vers l'une des bonnes qui passe l'aspirateur dans les escaliers.

 

 

De près, le visage de Bergamote ressemblait à une vieille prune déssechée. Elle avait pourtant cette lueur d'intelligence dans le regard, celle des gens qui ont l'esprit vif et qui sont prêt à sauter sur la moindre occasion de l'utiliser. Elle n'avait pas pu répondre à leurs questions sur la chimère au comportement étrange ou sur le pécepteur Mordiker, mais leur discussion avait visiblement exitée sa curiosité. Aussi, dès qu'ils en urent l'occasion, les deux compères avaient filé avant que les interrogations ne deviennent trop embarrassantes. Les voici maintenant devant la porte n°45 du 4ème étage. Aestus examine les clefs volées une à une pendant que son camarade surveille le couloir. "Tu crois que la vieille se doute de quelque chose?" demande Lupus. "Je n'en sais rien licteur. Les émotions humaines sont de votre compétence". "Tu m'aides pas beaucoup là! Et puis franchement, tu cherches quoi? Tu crois qu'avec toutes les portes qu'il y a ici, t'as forcément choppé les bonnes clefs? Où même qu'on est devant la bonne chambre? Ça pourrait très bien être celle d'à côté, non?". "La chance n'est rien de plus qu'un paramètre aléatoire inclu dans une formule mathématique. Ce sont mes calculs qui nous ont conduit içi". "Décidemment, plus je t'écoute et plus je regrette de t'avoir suivi!". Aestus se redresse soudain et vient se placer à côté de Lupus. "Et ben qu'est ce que tu fais? C'est ouvert?". "Il semblerait que nous venons d'atteindre la limite de mes calculs. Pouvez-vous crocheter la porte licteur? Je vais surveiller le couloir". "Mais c'est pas vrai! Bordel! Tu te fiches de moi!". Lupus jette un regard noir à l'homme-machine impassible puis s'attelle à forcer la serrure en argent poli. Le mécanisme recelle un grand nombre de goupilles dont l'agencement retord n'est pas fait pour simplifier les choses. Quelques minutes de bidouillage sont nécessaires et c'est un Lupus au front brillant de sueur qui ouvre la porte.

 

Le duo entre dans une prestigieuse suite décorée dans les tons rouge et doré. Aestus pose son aspirateur et ferme le loquet derrière lui tandis que Lupus fait quelque pas sur le tapis de velours. Il observe de gauche à droite l'immense cheminée de marbre rose, la teinture au mur représentant une étendue de blés mûrs ondulant sous la brise, la baie vitrée panoramique dont les lourds rideaux pourpres sont tirés laissant toutefois passer quelques rayons chargés de lumière. Le mécamancien fait le tour du pupitre, du bar et du piano mais ne remarque rien d'intéressant. Après quelques secondes d'une intense observation, le licteur trouve quelque chose: de légères traces de suie au sol. Il décide de les suivre et fait signe à Aestus d'en faire de même. Dépassant d'autres meubles de luxe, ils débouchent sur un couloir et plus précisément sur une porte entre-ouverte. Le binôme dégaine ses armes et fait irruption dans la pièce. Il s'agit d'un grand bureau ovale dont les murs sont occupés par des étagères de livres et d'objets de décoration. Deux fauteuils en cuir rouge sont disposés devant un secrétaire en bois laqué. Ce dernier est encombré de plusieurs ouvrages ouverts, de feuilles volantes, de stylus et autres articles d'écriture. Certains que leur cible se trouve toujours en ces lieux, les deux infiltrés ouvrent violement chaque battants, chaque placards, vérifient sous chaque meubles et derrière chaque porte. Malheureusement il semblerait que la créature hérétique ne les ait pas attendue... Dépités, ils retournent au bureau et entreprennent de le fouiller méticuleusement. Lupus remarque ainsi la petite boîte carrée en bois trônant au sommet du capharnaüm sur le secrétaire. Il l'ouvre et découvre 4 lhos au délicieux parfum ambré. Il referme le tout et le place dans son sac. Aestus trouve un tiroir verrouillé et le force sans ménagement. Au milieu d'objets divers, il met la main sur une data-tablette de haute capacité. Curieux, il décide de la lire immédiatement et une formidable décharge électrique l'envoie valser contre une bibliothèque qui s'écroule sous son poids. Lupus se porte à son secours et dégage les livres qui lui sont tombés dessus. L'homme-machine se relève, encore fumant, ses circuits émettant une série de pépiements aigüs. Il sait que l'Omnimessie vient de le protéger, car s'il ne lui avait pas insufflé le réflexe de lâcher l'objet piégé une demie seconde avant qu'il ne s'enclenche, il serait probablement déjà mort. Il adresse une prière silencieuse à son sauveur et ramasse la tablette de données. Il en lit le contenu à voix haute tandis que le licteur retourne crocheter les tiroirs restants. Bien que de nombreuses données soient sécurisées, ils comprennent très vite être en présence de fichiers appartenant à la famille Silphenus, membres haut-placés de l'Alliance Cestelle, un puissant consortium d'agri-mondes dont la capitale économique est Regulus. Pour l'essentiel, il s'agit surtout de rapports commerciaux et de notes personnelles au sujet des accords qui sont en train d'être négociés sur Kinog. Lupus trouve d'ailleurs confirmation lorsqu'il sort d'un tas de feuilles le sceau à cacheter d'un certain Obediah Silphenus, grand magistrator et ambassadeur de l'Alliance Cestelle. Il place sa trouvaille dans sa poche et regarde par la fenêtre tandis qu'Aestus continue de lui faire la lecture. Deux jeeps militarisées viennent de freiner sur le parvis de l'entrée tandis que 10 soldats en tenue de combat en descendent. Un officier aux épaulettes dorées descend les marches au pas de course et leur donne visiblement des instructions. "Merde! Aestus ça craint! Il faut qu'on parte d'ici tout de suite!". 

Partager cet article
Repost0
17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 16:05

 

 

XVIII) Focus (H-6h48)

 

 

Le plus grand labyrinthe végétal du palais se trouve dans le parc est. C'est un endroit qui offre à la fois une certaine discrétion et la possibilité de se cacher ou de fuir assez facilement. C'est donc tout naturellement que les enquêteurs ont décidé de se rassembler ici en cas de problème. Kintas retrouve ses compagnons assis sur les marches de l'obélisque-horlogium, occupés à panser leurs blessures et à camoufler leurs hématomes avec le maquillage de Natacha. Cette dernière s'adresse au rhétorite dès qu'elle l'aperçoit: "Tiens, un lâcheur! Ça va? Ça pas été trop dur pour toi?".

 

Kintas offusqué, pointe son index en direction du bâtiment: "Hey! J'ai essayé de vous prévenir! J'ai balancé des cailloux sur la fenêtre de la chambre pendant 5 minutes et personne ne m'a répondu! Et puis le sergent m'a très clairement menacé! Je ne pouvais pas non plus me présenter à la porte!".

 

Thane finissant de se bander les côtes, commente: "Ne t'en fais pas, on comprend. Tu aurais rien pu faire de toute façon".

 

Gaïa crache du sang par terre et grommelle: "Cet enfoiré de gradé! Si je le retrouve je l'émascule!". S'ensuivent divers noms d'oiseaux.

 

Natacha en train de passer du fond de teint sur ses joues, n'en perd pas une miette: "Pour un rat de bibliothèque, t'en connais des insultes! Faudra que tu me conseilles sur tes lectures hé hé...".

 

Thane se relève et époussette sa toge: "Bon et sinon, où tout cela nous mène? Quelles sont nos prochaines pistes?".

 

Gaïa s'épongeant la lèvre d'un chiffon, affirme: "Plus que jamais les dames de compagnies. Après ce que nous avons trouvé dans la chambre de Zenthrix, il faut tenter de récolter un maximum d'informations sur les deux autres".

 

Kintas ajoute: "Bonne idée. Pendant ce temps, il faudrait aussi que nous poursuivions la piste d'Argail Mordiker. Deux d'entre nous devraient se rendre à la chancellerie. S'il a été précepteur au palais, il a dû laisser des traces là-bas".

 

 

L'équipe se sépare donc en deux groupes, les deux néophytes d'un côté, la copiste et l'assassine de l'autre, avec pour instruction de se rejoindre au même endroit dans une heure. Chemin faisant Natache demande innocemment à Gaïa: "Au fait, tout à l'heure, quand le sergent a déballé toutes nos affaires j'ai vu que t'avais une data-tablette". "Oui en effet". "Tu me la prêterais quelques minutes?". La copiste sort l'objet de ses poches et lui tend. La fille aux cheveux roses jubile. Elle va enfin pouvoir savoir ce qui se trouve sur la clé de données trouvée la veille dans les appartements du médic. Cela fait un moment qu'elle y pense, qu'elle essaye de deviner, et qu'elle a planifié chaque éventualité. Si ce sont des coordonnées bancaires, ce qui est de loin son option préférée, elle sait bien sûr quoi en faire! Faire pirater des comptes n'est pas si dur quand on a les bons contacts... Si, par contre, c'est une preuve flagrante dans l'enquête qui les occupe, elle pourra toujours en profiter pour se faire mousser auprès du Conseil. On ne sait jamais, ça peut être utile selon la tournure des évènements... Enfin, si ce sont d'autres sortes de secrets, et bien, après tout, tout se bazarde en ce bas monde. Espérons juste qu'ils s'agissent de cachotteries parmi les plus scabreuses... Ce sont celles qui se vendent le mieux! Elle regarde l'appareil et reste interdite pendant quelques secondes. Mince! Mais qu'est ce que c'est que ce modèle?! Natacha n'avait jamais développé un grand amour pour la technologie et elle le lui rendait bien. Elle aurait pu improviser, comme elle le fait toujours, mais cela risquait d'endommager sa trouvaille. Ce n'est donc qu'à contre-coeur qu'elle demande de l'aide à sa camarade. Cette dernière s'exécute et un écran vert s'affiche réclamant un mot de passe. "Zut! Ça aussi ce n'était pas prévu!".

 

 

La chancellerie est un bâtiment parmi les plus particuliers, même pour les standards du palais. Grosse géode de verre semblant reposer au centre d'un bassin, elle est encadrée de multiples jets d'eau aériens. Son sommet est constitué d'une myriade d'antennes diverses et de trappes ouvertes desquels sortent et entrent des flots incessants de chimères, servo-crânes et autres messagers robotiques. Diverses passerelles en granit blanc permettent de traverser le plan d'eau et de se rendre aux portes de l'édifice. Chaque croisement a été aménagé en espace de détente, agrémenté de bancs ainsi que de statues de penseurs illustres. Thane et Kintas s'approchent de l'entrée principale mais la vision des deux gardes en faction leur fait ralentir le pas. Encore choqués par la "mise au point" infligée par le sergent, ils sont quelque peu rétissants à être confrontés de sitôt à des membres de la soldatesque. Mûs par un même sentiment, ils regardent autour d'eux et remarquent deux scribes assis sur un banc. Ils décident de les rejoindre. Le premier est un homme à la voix passablement aigüe. Chauve, assez gras, sa peau est d'une blancheur cadavérique et son cou de dindon s'agite d'un côté puis de l'autre lorsqu'il parle. Le second est plutôt sec, porte un couvre-chef en cuir terminée par une demie bougie fondue ainsi qu'une longue barbe blanche s'achevant sur une série de tresses. Des macro-oculaires de différentes tailles sont fixés sur ses yeux ce qui leur donnent un aspect globuleux. Les deux néophytes prennent entre leurs mains les quelques livres qui se trouvent dans leurs sacs afin de se donner un air plus docte. Thane initie la conversation: "Messieurs, mes salutations. Je me nomme Adam et voici Theosius. Nous sommes tout deux scriptoriens et nous écrivons sur Kinog. Nous venons d'arriver de la ville et nous sommes un peu perdus". Le barbu lui répond: "Bonjour. Je suis le copiste Varas et voici le compilateur Marmaron. Que pouvons-nous pour vous?".

 

 

Le store électrique se referme doucement. "Ouf! On est enfin dedans!" souffle Lupus. Il avait bien cru à un moment que les deux jardiniers l'observaient mais lorsqu'il a vu le plus vieux sortir sa vinasse, il a su que c'était le moment d'agir. Les voila donc dans l'entrée de service du bâtiment des invités. Un grand parking s'offre à eux, une camionette blanche garée sur l'une des places dessinées au sol. Pour chacune d'elles, de grands tubes de métal partent du plafond et s'arrêtent à mi-hauteur. Sur le côté droit, plusieurs coffres de métal sont disposés en fil indienne et plus loin encore, des casiers et des bancs forment un petit périmètre carré. Les deux infiltrés s'avancent et vont examiner le véhicule: un ancien Bellidor deux places à la peinture écaillée. Tout l'arrière a été aménagé pour accueillir un grand bac métallique. Les portes sont fermés. "Au fait, tu sais dans quelle pièce elle est entrée ta chimère?". Aestus cesse alors ses investigations et se tient immobile. Le licteur surpris, le regarde. On dirait qu'il a cessé de vivre. Un bug de la machine? Il fait le tour du Bellidor et constate alors les pupilles révulsées de l'homme-machine. Ses dernières reviennent soudainement à la normale: "D'après mes calculs, elle doit se trouver dans l'une des pièces à l'extrême ouest du bâtiment. Au 4ème ou au 3ème étage". Lupus n'a même pas envie de lui demander comment il en est arrivé à une telle conclusion. Les mécamanciens de l'astroport n'étaient pas spécialement reconnus pour la clarté de leurs explications, bien au contraire. "Ok admettons. Il va falloir trouver un moyen de circuler sans se faire repérer". Ils poursuivent donc leur fouille de la pièce. Les tuyaux sont trop glissants pour être escaladés et l'un d'eux a un bac de linges sales juste en dessous, principalement des draps et des serviettes. Les coffres dévoilent des produits d'entretien, des ustensiles ménagers ainsi que des machines de nettoyage. Les casiers quant à eux, une fois quelques cadenas purement et simplement cassés, permettent à Lupus de se déguiser en valet et à Aestus en femme de chambre. 

Partager cet article
Repost0
10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 11:56

 

 

XVII) Regards croisés (H-7h42)

 

 

"Je peux vous aider?". La voix derrière lui fait sursauter Kintas. Il se tourne et se retrouve face à un valet. Son uniforme est identique à celui du réceptionniste. Bien plus jeune, sa peau est blâfarde contrastant étrangement avec ses cheveux noirs coupés au carré. "C'est à dire que... Euh je cherche euh...". "Oui? Et bien? j'attends!". "Je suis au service de Dame Cromwell et recherche un objet qu'elle a prêté à l'une de ses dames de compagnie". "Une mission de confiance si je comprends bien". "Oui tout à fait. Dame Zenthrix n'étant pas là, j'aimerai rencontrer Dame Grisham ou Mercurial". "Oui je comprends. Dans ce cas, rendons-nous à la réception. Nous verrons si elles sont disponibles". Escorté du laquais, Kintas redescend donc les marches une boule au ventre. Il ne sait pas pourquoi mais il a le pressentiment que cette histoire va mal finir. Arrivé en bas, il devient blême lorsque ses craintes semblent se confirmer. Le réceptionniste, hors de lui, est en train de montrer les écrans de surveillance aux gardes. En passant, le rhétorite jette un oeil et note le zoom qui a été fait sur les dégâts causés par Thane. Il observe également ses compagnons ne prenant plus aucune précaution et remuant brutalement tout ce qui se trouve à leur portée. "Mais? Ils sont devenus complètement fous ou quoi?!" se demande t-il en son for intérieur. Il a tout juste le temps de se faire cette réflexion que la porte de la penderie est brutalement ouverte en grand, poussée par une étagère de robes qui s'effondre au sol. On voit alors très clairement Natacha en sortir, pousser les vêtements du pied et refermer le battant en forçant à plusieurs reprises à cause de fourrures coincées dans l'interstice. Le réceptionniste bondit à nouveau en hurlant. Cette fois-ci le sergent, écrase son cighalos et ordonne à ses hommes d'aller les chercher: "Ramenez-moi ce groupe d'incapables! Nous allons leur aprendre les bonnes manières! S'ils résistent, matraquez-les!". Il se tourne ensuite vers Kintas et le pousse jusqu'à la sortie: "Comment ont-ils pu engager des incapable tels que vous! Vous rendez vous compte au moins de l'honneur qui vous est fait en vous laissant travailler ici?!". Il le jette au bas des marches, dégaine son canon de poing et le vise "Dégage maintenant avant de subir le même sort que tes camarades! Si je te revoie ici je te plombe!". Kintas ramasse son bâton et son jeu de cartes tombés à terre puis part sans demander son reste.

 

"Hey! Je crois que j'ai trouvé quelque chose!" annonce fièrement Gaïa. Ses compagnons viennent la voir et constatent qu'elle tient un gros volume à la couverture de cuir beige et aux lettres d'or. "Qu'est ce que c'est?" s'enquiert Thane. Natacha lit le titre: "Histoire planétaire du monde de Kinog du Secteur Calixis, Sous-secteur Malfian: Brève analyse d'un cas à part, Tome II". "Oui et ce qui est fort intéressant se trouve ici". Gaïa tourne l'ouvrage et montre du doigt le tampon, identique à ceux trouvés précédemment. "Ça alors me dit pas que...". Thane lui arrache le livre des mains et le feuillette frénétiquement: "Ah voila... une dédicace manuscrite! En remerciement pour tous ces merveilleux moments passés en votre compagnie, Argail Mordiker". "Y a pas à dire, faut vraiment qu'on mette la main sur ce salaud!" commente Natacha. "Oui mais en attendant, je place ce bouquin dans mon sac. On l'étudiera plus tard. Pour l'instant il faut...". "Chut! Vous avez pas entendu un bruit?" prévient Gaïa en levant une main. "Si, on dirait que...". A l'extérieur, le bip du lecteur de cartes se fait entendre tandis que la porte se déverrouille. Deux gardes entrent, matraque en main: "Suivez-nous immédiatement ou nous faisons usage de la force!". Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent tous au rez-de-chaussée dans l'office du sergent. Leur équipement leur a été retiré et ils sont attachés sur un banc les mains dans le dos. Face à eux, l'officier est vautré dans son fauteuil, les pieds sur son bureau, tirant de longues bouffées à la senteur entêtante. Il les observe, restant silencieux, mais son regard semble chargé de haine. Les deux gardes se trouvent juste derrière eux, au niveau de la porte, ricannent et font jouer leur matraque dans la paume de leurs mains. Thane ose prendre la parole: "Mais enfin sergent, je ne comprends pas, nous avions dit une heure et...". "Ah tu ne comprends pas?" lui rétorque l'officier. Il fait un signe de tête et une matraque s'abat dans un bruit sec entre ses deux omoplates. L'éon doré pousse un cri de surprise et de douleur. "Ce que moi je ne comprends pas, c'est que tu puisses l'ouvrir sans qu'on te le demande!". L'homme au cache-oeil se penche ensuite et ramasse les sacs de l'équipe. Il en étale le contenu sur la table et commence à fouiller dedans. "Vous n'avez pas le droit! Nous avons une autorisation du Conseil!" explose Natacha. "Et toi t'as surtout le droit de la fermer!". Il claque des doigts et une volée de coups est infligée à la jeune femme. Gaïa insiste "Je vous en prie, prenez soin de mon matériel! Il est très précieux!" mais les coups seront également sa seule réponse. L'officier sort leur laisser-passer et le déroule. "Ce document vous donne le droit de vous déplacer dans l'enceinte du palais, rien de plus. Pas de vous comporter comme des vauriens de la pire espèce! Pas de toucher, fouiller ou casser! Aujourd'hui vous allez apprendre à respecter les règles et ceux qui vous sont supérieurs!". Puis il ajoute à l'intention de ses hommes: "Allez-y les gars, mettez donc un peu de plomb dans la tête de ces larbins!". Gaïa, Thane et Natacha sont alors passés à tabac pendant un moment qui leur semble une éternité. Puis, aussi soudainement que ça avait commencé, ils sont détachés et jetés dehors avec leurs affaires. Le sergent descend quelques marches et laisse tomber au sol leur autorisation du Conseil: "Au fait, n'espérez pas toucher de salaire ce mois-ci. J'ai relevé vos identités, c'est vous qui allez payer les pots cassés!". Les trois militaires et les deux valets, venus assister à la scène entre temps, explosent d'un rire sardonique.

 

Ascalios est épuisé. Il s'arrête derrière le bâtiment ocre et s'éponge le front. Un peu d'ombre est bienvenue par cette chaleur. Les haies du pavillon bleu l'ont vidées de ses forces. Et Gurk, ce jeune qu'on lui a collé, n'arrange pas ses affaires. Il est si lent qu'il le retarde dans son travail. Tout à l'heure, cet imbécile s'est même arrêté pendant un quart d'heures parce qu'un amoureux transi jettait des cailloux sur les fenêtres de sa dame. S'il commence à s'arrêter pour ça, il a pas fini! Au palais, il se passe des trucs de la sorte tous les jours et c'est rien de le dire. En 40 ans de métier il en a vu des choses! Les cailloux c'est le problème des laveurs de carreaux pas le leur! Il essore son chiffon et le replace dans sa poche. En fait, il se demande si le boulot va être fini pour le retour du Lord. Si tout n'est pas prêt pour la fête prévue ce soir, il va assuremment avoir des problèmes. Maître Kleopos n'est pas du genre à fermer les yeux sur une faute, aussi minime soit-elle. "Allez p'tit gars on y retourne! Oooh!". Son dos proteste immédiatement. Sa vieille douleur se réveille et lui indique qu'il est temps de faire une véritable pause. Bah après tout, le fouet j'y ai déjà goûté et ça ne sera pas la première ni la dernière fois se dit-il. "Bon, l'Empereur m'envoie un signe, on souffle deux minutes". Il pose ses lourdes cisailles au sol et regarde Gurk batailler pour déplier les pieds de la brouette. Mais qu'est ce qu'il lui avait pris de parler de son remplacement? Faut dire qu'il avait trouvé le candidat idéal ce matin, cet homme qui l'avait aidé pour tailler un arbuste en hauteur, mais le chef Tyrol avait pris son discours pour un aveu de faiblesse et en avait profité pour caser son fils. Mais entretenir les haies, chasser les insectes, s'occuper des allées de saules, de cèdres et de sycomores... Ça ne s'improvise pas, c'est une vocation! Y a ceux qui sont fait pour ça et les autres, et puis c'est tout. Ascalios voit la brouette se renverser et Gurk se jetter au sol pour ramasser son contenu. Mouais. Pauvres, pauvres jardins! Il sort sa fiole d'amasec et se rince la gorge avec. Devant lui, à une centaine de mètres, se trouvent un homme-machine et un militaire. Apparemment, ils vérifient la porte de service. Le crâne de fer n'a pas l'air spécialement performant vu comme il se fait ouspiller par le garde. Cela fait bien rire le vieillard. A chacun son boulet mon pote. Il porte un taost dans leur direction et boit une longue rasade. Tiens au fait, ça lui fait penser que lui aussi a vu la garde tout à l'heure. Toutes ces questions qu'ils lui ont posé sur le médic ça lui a donné le tournis... C'était incroyable! D'habitude personne ne fait attention à lui et là, même la capitaine est venue le voir. Il avait dit ce qu'il avait vu rien de plus: une femme aux cheveux roses avait sauté du balcon. Lui, il le connaissait pas le médic, fallait pas rêver qu'il s'occupe de sa vieille carcasse! Mais il avait déjà sa petite idée sur la question: y avait une histoire de fesses là-dessous. Ya pas des centaines de raisons qui poussent un homme à se pendre et, d'après ce qu'il avait pu voir, la nana avait de sacrés arguments! Surtout au niveau des miches! Il commence à rire en y repensant mais cela le fait tousser. Il regarde à nouveau devant lui. La boîte de conserve et son chaperon ont disparu. Ils ont dû terminer leur boulot. Ascalios se retourne vers Gurk. Il a finit de tout ramasser. "Il serait peut-être temps qu'on s'y remette nous aussi, non?".  

Partager cet article
Repost0
10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 11:53

 

XVI) Une entrée réussie, une autre avortée (H-8h16)

 

 

Les majestueux escaliers se situent sous une magnifique voute céleste peinte à même le plafond. Tout le secteur Calixis y est représenté, le spectacle est époustouflant. Le premier et unique palier des lieux donne sur quatre directions différentes. D'imposants candélabres en argent massif éclairent les panneaux qui y sont fixés. D'après ce qu'ils voient, les chambres ne portent pas de numéros mais des noms. "Quelle est la chambre de Zenthrix?" demande Gaïa. "D'après le pass, c'est l'appartement de la Coqueterie. Par contre, une fois dedans, faite attention à ce que vous y faites, j'ai vu le réceptionniste activer les cam-pix de la chambre quand nous sommes partis". La suite de Mélissandre Zenthrix est aménagée avec beaucoup de goût, la salle principale faisant la part belle à une coiffeuse demeusurée et à un salon à thé délicatement ouvragé. Les autres portes donnent sur les pièces habituelles. Se sachant surveillés, les quatres enquêteurs font mine de s'assoir et d'attendre. Natacha repère sans mal les trois caméras dissimulées dans des lumiglobes bleus et communique discrètement l'information aux autres. A partir de là, chaque membre du groupe se lève et entreprend de fouiller aussi discrètement que possible, prenant garde aux systèmes de surveillance. Gaïa vérifie la salle de bain mais ne trouve rien de bien intéressant. Elle revient donc dans le salon et s'attarde sur les ouvrages de la bibliothèque. Kintas fouille tout d'abord la coiffeuse mais ne trouvant aucun indice demande à Natacha de s'en charger. Cette dernière cherche un double-fond ou un mécanisme suspect mais son analyse ne révèle rien. Tout à coup, un grand vacarme résonne et tous se tournent dans sa direction s'attendant à voir des adversaires faire irruption. La tête de Thane apparaît avec lenteur au dessus de l'un des fauteuils "Heu... C'est rien, fausse alerte! Je vérifiais le service à thé quand...". Kintas s'approche et constate l'étendue du désastre: la plupart des tasses et soucoupes en porcelaine de Veneris sont brisées, le couvercle de la théière en verre serti d'ambre et d'obsidienne est ébréché, les cuillères en nacre au fin liseré d'or sont dispersées au quatre vents. "Bon écoutez, je vais retourner en bas. Je vais déjà vérifier que ton "accident" n'est pas en train de provoquer un scandale, et ensuite, on ne sait rien des autres chambres. Il faut fouiller aussi celles de Grisham et Mercurial. Je vais essayer d'obtenir des infos". Il sort alors de la pièce. Thane essait de cacher tant bien que mal dans un tiroir les preuves de sa maladresse puis se dirige vers la cheminée pour rechercher d'éventuels indices dans les cendres. Gaïa poursuit son étude des rayonnages et Natacha se rend dans la penderie géante, certaine qu'un panneau secret s'y trouve.

 

La chimère est entrée dans le bâtiment réservé aux invités de marque de la famille Cromwell. Lupus a le pressentiment qu'infiltrer ce lieu ne va pas être une mince affaire. L'édifice présente une devanture ocre garnie de larges baies vitrées et de sculptures parmes représentant toute la faune de la planète, espèces disparues comprises. Plus on dirige le regard vers le haut et plus le bestiaire se fait fantastique jusqu'aux cauchemardesques gargouilles qui ornent le toit de tuiles en ardoise bleue. A travers les énormes ouvertures vitrées, on devine les grandes surfaces qui se trouvent de l'autre côté ainsi que les gigantesques lumilustres qui éclairent l'ensemble la nuit venue. Un colossal double escalier se rejoignant à son sommet permet d'accéder à l'entrée principale. Deux statues d'un félidé mythologique encadrent l'ensemble soutenant de leurs pattes un bouclier aux armoiries Cromwell. Une magnifique horloge taillée dans le fronton indique qu'il leur reste à peu près huit heures avant de se revoir convoquer par le Conseil. Aestus rejoint Lupus. "Et bien tu as réussi à te dépêtrer du sac d'embrouille?". "La patience est la première vertu des serviteurs de l'Omnimessie, licteur". "Tant mieux, car je crois qu'on va en avoir besoin pour entrer la dedans!". Ils observent le service de sécurité: deux valets au-bas des marches et deux gardes en fonction au niveau de la porte. "Bon attends là Aestus, je vais voir jusqu'à quel point ils sont coopératifs". Lupus se dirige vers le laquais de droite, affichant un certain embonpoint et un collier de barbe parfaitement taillé. "Bonjour cher collègue, je suis au service de Dame Scynthia". L'homme tourne la tête vers lui et le détaille de la tête aux pieds. Il semble interloqué et fait signe à son collègue d'approcher. "Ah? Et que pouvons-nous pour vous?". "Je dois me rendre dans les quartiers d'Argail Mordiker de sa part". Les deux valets manquent de s'étouffer de peu. Le second, dans la cinquantaine et portant un monocle articule: "Est-ce une plaisanterie?". "Ecoutez, j'ignore si je suis devant le bon bâtiment, je suis assez nouveau ici. Tout ce que je peux vous dire c'est que cela a un rapport avec l'enquête sur le décès du médic". "Ah oui, c'est terrible. Lord Cromwell va sûrement être choqué à son retour. Vous comprenez, cela faisait plus de 30 ans qu'il travaillait au palais". Le licteur prend un air concerné: "Oui en effet, une vraie tragédie. Et au sujet de Mordiker?". "Je crois que le précepteur de Mademoiselle n'a jamais eu ses quartiers au palais, il résidait plutôt en ville". Le laquais au monocle précise "Oui c'est vrai je m'en souviens. Il avait bien un bureau à la chancellerie mais il paraît qu'il n'y a jamais mis les pieds. Disons que ce n'était pas le grand amour entre lui et le Chambellan! Je suis sûr qu'il a dû en faire du petit bois dès que Mordiker a été chassé!". Sentant le changement de ton employé et le fait que l'idée d'entrer dans le bâtiment était en train de s'éloigner, Aestus s'avance à son tour et annonce: "En réalité, il s'agit d'une alerte de sécurité". Les deux hommes se regardent surpris puis se tournent de nouveau vers l'homme-machine. Ce dernier ajoute: "Le temps presse. Il y a eu intrusion". Cette fois-ci le valet le plus jeune court en panique jusqu'aux gardes et leur demande de venir voir. L'une des sentinelles descend d'un pas vif tout en demandant des renforts par l'intermédiaire de son vox. "Bien c'est vous qui avez repérée la menace?". "Affirmatif". "Quelle est sa nature?". "Une chimère". "Une chi...mère?!". "Oui. Sa taille n'est pas réglementaire, ni ses ailes, ni ses doigts". "Vous voulez que je sonne l'alerte parce qu'une machine présente des défauts?!". "Tout à fait. Elle est...". "Bordel! Vous vous foutez de moi? Barrez-vous d'ici! Si vous croyez qu'on a que ça à faire!". "Vous ne comprenez p...". "Cassez-vous j'ai dit! Où je vous fait embarquer!". Il se tourne passablement irrité vers les deux valets. "Merde alors! Ils embauchent vraiment n'importe qui à l'astroport! Vérifiez vos sources la prochaine fois!". Puis, il remonte les escaliers en décrochant son vox pour poursuivre: "Xanders c'est moi. Fin de l'alerte, tu peux renvoyer tout le monde à la maison. Non c'est rien, c'est deux guignols qui ont voulu faire du zèle...".

Partager cet article
Repost0
10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 11:49

 

 

XV) Petites victoires (H-8h29)

 

 

Faisant fie de la dernière remarque de son interlocuteur, Thane s'affale sur le comptoir. "Ah si tu savais ce que je suis fatigué de me plier aux manières des sédentaires. Fouu... C'est certainement dur à comprendre pour un gars bien comme toi mais parfois la vie d'là-haut me manque...". "Monsieur veuillez vous redresser! Vous obstruez mon lieu de travail!". "C'est vrai qu'c'est pas tous les jours faciles. Par exemple, on ne peut s'laver qu'une fois par mois et encore, des fois c'est de la flotte coupée au prometheum! D'ailleurs, c'est simple, moi j'ai pas dû me laver plus de dix fois dans tout'ma vie!". Le maître d'hôtel sort un mouchoir et nettoie la réception tout en poussant l'aspirant avec. Thane saisit le stylus qui se trouve devant lui. "On mange d'ces trucs aussi... La plupart du temps c'est des champignons qu'y disent mais on est même pas sûr... En tout cas ça pousse sur les boulons. Ça a la couleur d'ton truc là". Le réceptionniste, furieux, récupère son bien et le nettoie frénétiquement. Thane s'approche et saisit le badge du vieil homme pour y lire son nom. Ce dernier se dégage et recule avec écoeurement. "Et puis on boit de l'eau contaminée aussi... Tiens Gontrand, tu permets que j't'appelle Gontrand?". "Quoi? Mais Non!". "T'as déjà bu un baril de que'que chose qui avait traîné dans les cuves près des réacteurs? Et ben, après, quand tu pisses ça brille dans l'noir! Hé hé hé! Enfin ça c'est le mieux qui peut t'arriver, parc'que y en a aussi qui s'réveillent avec des yeux dans la main ou des doigts sur le front!". Le maître d'hôtel porte le mouchoir à ses lèvres réprimant à grande peine un haut-le-coeur. "Mais t'vois même si c'est dur on a des bons moments quand même! Quand y a rien plus rien à manger et qu'le prochain spatioport est à des jours de navigation, on met tous les gosses de l'équipage en commun et on tire au sort celui qu'l'on va manger! Ça c'est de la fraternité! Ça c'est de l'entraide! Et puis on dira c'qu'on voudra mais le goût est pas si mauvais! En fait, ça craque sous...". Gontrand se lève soudainement de sa chaise. "Messieurs! je... je vais vous laisser monter! Je pense que dame Zenthrix ne devrait plus tarder, tenez prenez cette carte et allez-y! Pour l'amour de l'Empereur, allez-y!". Thane sourit s'empare du passe magnétique et tout le groupe se rend sur les marches.

 

"Par l'Empereur! Ralentis Aestus, tu vas nous faire remarquer!" siffle Lupus entre ses dents. Il est vrai que le mécamancien courrait presque sans se soucier des regards qu'il ne manquait pas de provoquer. Toujours dans le parc ouest, ils venaient de repérer la trace de leur cible sur un arbre avant qu'elle ne pénètre dans le labyrinthe de haies au centre des jardins. Ils entrent dans le dédale végétal et se mettent à courir à toutes jambes. "L'Omnimessie ne me le pardonnera jamais si je la perd!" aboie Aestus. "Ne t'inquiète pas pour ça! Des trucs hérétiques y en a partout dans l'univers" le raille le licteur. Soudain ils entendent un contact métallique. "Là! Sur le lampadaire!". Les deux camarades reprennent leur course de plus belle. Une branche qui craque les met à nouveau sur le voie. "Cette machine n'a pas l'air très dégourdie!". "C'est ce qui arrive lorsqu'on ne respecte pas les Saintes Règles de la Construction". "J'étais sûr que t'allais ooOOH!" Arrivant à un virage très sec, Lupus parvient in-extremis à esquiver un couple de nobles en train de s'embrasser. Aestus n'a pas cette chance et ils tombent en roulé-boulé tous les trois. Le licteur ne s'arrête pas et poursuit sa route. Il débouche enfin sur la sortie du labyrinthe et visualise trois chimères chacune partant dans une direction différente. Heureusement pour lui, une seule porte un sac-besace, un détail qui l'avait frappé dès le début de sa traque. Le souffle court, il la suit de loin, tâchant de reprendre sa respiration. Il voit la chimère se poser sur le toit du bâtiment face à lui, remettre son sac en place et se faufiler dans une cheminée. "Trône! Voilà autre chose!".

Partager cet article
Repost0

Vénérables Récits et Anecdotes de Campagnes

 

 

Rechercher

JDR, Fantasy et Geekeries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pages